Revue de l'énergie (La) - N° 613, mai-juin 2013

Chers lecteurs,

Le grand débat sur la transition énergétique française est sur le point de s’achever. A l’automne, les travaux se poursuivront devant les parlementaires avec, pour objectif, d’adopter une loi qui devrait dessiner le paysage énergétique français pour plusieurs décennies.

Notre revue a régulièrement fait le tour des travaux des différents groupes pour éclairer ses lecteurs sur les enjeux de cette vaste consultation. On trouvera, en pages intérieures, un premier bilan de ceux-ci.

Reste que les choix qu’auront à faire parlementaires et gouvernement ne sont ni simples ni évidents. Au sein de la majorité présidentielle, et même parmi les ministres, s’opposent les anti- et les pro- nucléaires, les anti- et les pro- gaz de schiste, les opposants et les partisans du tout renouvelable.

Au nucléaire, on reconnait l’apport considérable d’une électricité pas chère, un atout majeur dans la bataille de compétitivité que livrent les industriels français à l’exportation. C’est si vrai que l’Allemagne veut épargner à ses grands industriels exportateurs chimistes, automobiles et mécaniciens d’avoir à payer la lourde facture (près de 1 000 milliards d’euros) entraînée par la décision de l’arrêt partiel d’abord, total ensuite, de son parc nucléaire, ; ainsi sont-ils exemptés d’une taxe sur leurs consommations que les citoyens et les PME d’outre-Rhin vont avoir, eux, à régler dans les prochaines années, faisant du courant électrique allemand l’un des plus chers de l’UE.

Au gaz de schiste, on reconnait l’appoint qu’il a fourni, au redressement de l’économie américaine : 800 000 emplois créés (ou recréés) notamment dans la chimie, grâce à une énergie locale, pas chère et facilement transportable par le réseau très dense des gazoducs intérieurs. L’exemple US est-il facilement transposable en France ? C’est une question à laquelle le gouvernement français et son prédécesseur ont refusé de répondre pour des raisons davantage idéologiques qu’industrielles.

Aux énergies renouvelables, leurs partisans attribuent des qualités de sécurité qu’ils refusent au nucléaire et, au moins, autant de créations d’emplois – sans la pollution des forages – que l’on attribue aux gaz de schiste. A quoi leurs opposants rétorquent que, dans le maquis des lourdeurs administratives françaises et face au oppositions locales sur la base du principe bien connu de « NIMBY » - en anglais : not in my back yard, en français : pas chez moi -, les énergies renouvelables sont encore loin de leurs objectifs.

Toutefois, pour terminer sur une note positive, nous pouvons constater que la plupart des sondages montre que l’opinion publique française est largement intervenue dans ce débat, puisque 75 % des citoyens participants se révèlent satisfaits du travail accompli et ce, notamment dans les régions où les initiatives locales par leur dynamisme vont peut-être montrer la voie au « mammouth » administratif parisien.

Bonne lecture.

Paul-François Trioux
Directeur de la Publication

Table des matières :

  Etudes : la transition énergétique
. Essor et limites des énergies renouvelables en Allemagne, Michel Deshaies
. L’hydro-électricité : un atout pour la France, Jean-Charles Galland, Eric Vincent
. Les gestionnaires de grands réseaux électriques mondiaux en ordre de marche, Alain P. Steven
. Après le débat, l’heure des synthèses en France
. Gaz de schiste : une ressource à creuser ?

Tribune libre
. La saga française du diesel ou les limites de l’Etat-stratège, Jean-Pierre Legalland

Point de vue
. La communauté européenne de l’énergie, c’est maintenant, Sami Andoura, Jerzy Buzek, Jacques Delors, António Vitorino

Analyses
. Le boom pétrolier aux USA, fait marquant de 2012, selon BP
. La demande énergétique des pays du G20 en 2012, selon Enerdata

Colloque
. Micro-algues : les acteurs français se concertent, Thérèse Bouveret

Profil énergétique
Arabie Saoudite