Revue de l'énergie (La) - N° 619, mai-juin 2014
ISBN : 9782710810384
broché 19 x 26 cm 96 pages
Date de publication : Juin 2014
Revues : Revue de l'énergie (La)
Chers lecteurs,
Les ambitions navales de la Chine s’expliquent par ses besoins en hydrocarbures
La querelle navale, qui a éclaté début mai entre la Chine et le Vietnam, a pour motif initial la possession des eaux de l’archipel des îles Paracels, en mer de Chine du Sud. On se souvient que l’une des trois grandes compagnies pétrolières chinoises CNOOC, y avait installé une plate-forme offshore en vue d’un forage d’exploration car, dans ces eaux, dormiraient de vastes ressources en hydrocarbures.
La bataille navale qui s’en est suivi entre garde-côtes vietnamiens et bateaux chinois a déclenché de violentes manifestations à Hanoï et Hô Chi Minh-Ville, les deux principales villes du Vietnam.
Cet épisode est un nouvel avatar de la lente montée en puissance de la Chine dans cette zone maritime d’Asie bordée par des pays qui, à un titre ou à un autre, on eu, ou ont actuellement, maille à partir avec Pékin pour la délimitation de ce qui est désigné par les spécialistes sous le nom de Zone économique exclusive (ZEE) : Japon, Taïwan, Philippines, Brunei, Vietnam, Thaïlande, Corée… En témoigne également la constitution, par la Défense chinoise, d’une importante flotte de guerre d’un niveau inconnu jusqu’à ce jour et qui sera probablement en passe d’égaler sous peu celle des grandes puissances navales.
Tout se passe comme si la Chine, assoiffée de gaz et de pétrole, cherchait par tous les moyens à accroître ses réserves, au besoin par la force et l’intimidation. Les chiffres sont éloquents : de 500 millions de tonnes en 2013, la consommation du pays en or noir devrait dépasser les 700 millions en 2020, ces importations atteignant 70 % du total. Quoique plus faibles, les importations de gaz suivront la même tendance ainsi qu’en atteste le récent accord – négocié 10 ans ! – signé avec Gazprom pour l’achat de 38 milliards de m3/an sur 30 ans, à compter de 2018 (soit un montant de quelque 400 milliards de dollars…). Ses ressources à terre étant limitées – sauf en cas de découverte de gaz de schiste dont elle disposerait dans des proportions importantes –, c’est par l’extension de sa ZEE vers des zones présumées riches en hydrocarbures que la Chine compte s’approvisionner dans les prochaines décennies. Et, si l’on en croit la propagande chinoise, 80 % de la mer de Chine du Sud serait englobée dans sa ZEE.
Au même titre que l’Asie centrale, le Caucase et l’Afrique équatoriale, la zone promet d’être un nouveau point chaud de la carte géopolitique mondiale dans les années à venir du fait des ambitions maritimes chinoises.
Dans un discours récent, l’un des principaux responsables de l’OPEP estimait que, pour un développement régulier de l’industrie pétrolière mondiale, il fallait un prix du brut et un climat géopolitique stables. Force est de constater que la Chine n’y contribue pas en ce moment.
Bonne lecture.
Paul-François Trioux
Directeur de la Publication
Table des matières :
Etudes
. Les bouleversements de la concurrence sur le marché mondial des réacteurs nucléaires, Dominique Finon
. Transition énergétique et mix électrique : les énergies renouvelables peuvent-elles compenser une réduction du nucléaire ? Dominique Grand, Christian Le Brun, Roland Vidil
. Quel statut pour les industries énergo-intensives en Europe ? Michel Guénaire, Pierre-Adrien Lienhardt
Analyses
. La transition énergétique allemande à la recherche de son modèle, Florence Chapuis, Nicolas Goldbert
. Les scénarios de transition énergétique de l’ANCRE, Alliance nationale de coordination de la recherche pour l’énergie
. L’Ukraine, la Russie et l’UE : liées par le gaz, Samuele Furfari
Point de vue
. Eau-énergie, une interdépendance stratégique, Alexandre Taithe
Energies marines renouvelables
. Un bond en avant pour l’industrie française, Melina Monjour