Revue de l'énergie (La) - N° 624, mars-avril 2015

Pétrole : l’Arabie saoudite au centre du jeu

Au mois de juin prochain, les pays de l’OPEP doivent tenir leur traditionnelle réunion de printemps. Nul doute que, dans le contexte actuel des marchés de l’énergie, cette assemblée ne soit attentivement suivie dans le monde entier : en l’espace d’à peine un an, l’environnement pétrolier mondial s’est complètement transformé, tant au plan économique que géopolitique.

La baisse massive des prix du brut amorcée en 2014 s’est poursuivie en 2015 en raison de deux facteurs principaux : une offre excessivement abondante (bruts non conventionnels américains, ralentissement de la conjoncture dans les pays émergents) et, surtout, le refus formel de l’Arabie saoudite de réduire sa production en conséquence, refusant son rôle traditionnel de swing producer.

Parallèlement, le contexte géopolitique a également évolué puisqu’un accord se dessine entre les cinq membres du Conseil de sécurité de l’ONU et l’Iran en faveur du nucléaire. La fin – même progressive – de l’embargo sur le brut iranien va permettre à Téhéran de relancer une économie intérieure exsangue en mettant sur le marché d’importantes quantités de brut qui contribueront à accroître la surproduction actuelle, cause de la dépression des prix du baril.

Alors que l’Iran est probablement en passe de rallier le « concert des nations », l’Arabie saoudite veut affirmer son pouvoir au Moyen-Orient de façon à faire pièce à son traditionnel opposant chiite de l’autre rive du Golfe. L’intervention décidée par le nouveau roi au Yémen en est le dernier exemple.

Reste à savoir si, en juin, Riyadh décidera de favoriser ses  partenaires de l’OPEP – notamment les plus mal en point économiquement – en réduisant en&n ses exportations pour permettre un redressement des prix du brut. Ou si, au contraire, pour gêner l’Iran et les USA (acteur principal de l’accord nucléaire avec l’Iran), le royaume maintiendra sa position actuelle. Les déclarations récentes du ministre du Pétrole saoudien tendraient à privilégier cette dernière analyse.

LE 26e CONGRÈS MONDIAL DU GAZ se tiendra à Paris du 1er au 5 juin prochains (voir notre dossier spécial dans ce numéro). Au menu des discussions, les gaz de schistes dont l’exploitation est en partie à la base des bouleversements actuels dans le monde du pétrole. Mais, pour la ministre française chargée de l’Énergie, « les gaz de schiste ne sont plus d’actualité »…

Paul-François Trioux
Directeur de la publication

Table des matières :

Dossier spécial Congrès mondial du gaz
. L’Europe serait-elle en passe de confirmer l’âge d’or du gaz ? Jérôme Ferrier
. Le gaz, une énergie climato-compatible, Hervé Casterman

Etudes
. Prix du pétrole entre 1973 et 2014 : une évolution cyclique à long terme, Bui Xuan Hoi
. La coopération nucléaire franco-chinoise : histoire d’un modèle de développement partagé, Félix Torres

Analyse
. Emissions de CO2 contre empreinte carbone : quelles conséquences en termes de politiques énergétiques ? Aurélien Havel et Laura Barbier

Histoire
. Pechelbronn, un gisement français pas comme les autres, Alain Beltran

Point de vue
. Maroc : une transition énergétique sans préjugé, Richard Lavergne

Profil énergétique
. Canada