Revue de l'énergie (La) - N° 630, mars-avril 2016

La France n’a pas de pétrole mais…

Nucléaire et parapétrolier, l’excellence française en matière d’énergie est dans une mauvaise passe et la série noire n’est peut-être pas finie. En effet deux de ses fleurons industriels connaissent des difficultés à répétition après avoir figuré au premier rang mondial dans leur spécialité.
C’est l’État qui doit venir au secours d’EdF en le recapitalisant pour réduire sa dette et permettre à l’électricien national de lui-même secourir AREVA, autrefois symbole d’excellence de la filière, noyé dans l’affaire des EPR, englué dans la supposée mauvaise qualité de certains composants des chaudières nucléaires et dont la gouvernance passée est aujourd’hui encore l’objet de questionnements voire de procès.
Même si les causes de leurs difficultés ne sont pas identiques, les sociétés françaises du parapétrolier sont également en mauvaise posture. La chute brutale des prix du pétrole depuis deux ans explique que Schlumberger, Vallourec, Technip, CGG, Bourbon et des milliers de leurs sous-traitants, consultants et sociétés d’ingénierie soient aujourd’hui confrontés à un arrêt des commandes de la part des grandes compagnies pétrolières internationales.
Il est vrai que les entreprises du secteur des services pétroliers – françaises et étrangères – avaient auparavant largement bénéficié des circonstances durant les 10 années où les prix du brut se sont maintenus à un niveau élevé, n’hésitant pas à majorer leurs tarifs au point que nombre de dirigeants des grandes « majors » internationales s’en étaient émus publiquement.
La crise est d’autant plus brutale aujourd’hui dans l’ensemble de la filière qui s’attend en 2016 et 2017 à une nouvelle chute des investissements non seulement aux USA, où le marché parapétrolier s’est littéralement effondré, mais également dans les autres pays producteurs (OPEP et non OPEP confondus). En France l’État a dû, là encore, mettre la main à la poche via la Caisse des Dépôts, pour recapitaliser Vallourec qui a connu au premier semestre 2016 un effondrement de son chiffre d’affaires (-30 %) par rapport à la même période de 2015, déjà médiocre.
Les autres sociétés sont logées à la même enseigne qui sont toutes en quête d’argent frais voire d’alliances face à un nouveau danger qui se profile : que les grandes compagnies nationales ou internationales assurent directement en interne tout ou partie des activités parapétrolières comme l’envisage l’Aramco pour les forages (offshore et onshore) et la construction de plate-forme.

Bonne lecture.

Table des matières :

Analyses
. La transition énergétique entre objectif environnemental et réalité macro-économique, Frédéric Gonand
. Chauffage collectif et industriel au bois, Serge Defaye

Points de vue
. Comment associer fiscalité carbone et rente de l’oligopole pétrolier, Henri Prevot
. La transition énergétique à l’épreuve du grand public, Jacques Maire
. Quelles sont les conditions nécessaires pour l’intégration des énergies renouvelables dans le marché de gros de l’électricité ? Guy Brassard

Stratégie
. Transition énergétique : une nouvelle donne avec les territoires, Richard Lavergne

Études
. Efficacité énergétique : coûts et bénéfices économiques des investissements dans le secteur résidentiel et immobilier de bureaux en France, Angelos Souriadakis, Fabrice Catala, Catherine L’Hostis
. Technologies bas carbone et trajectoires de décarbonation profonde, l’analyse de l’ANCRE, Nathalie Alazard-Toux, Patrick Criqui, Jean-Guy Devezeaux de Lavergne, Roland Berthomieu, Laetitia Chevallet, Sylvie Gentier, Emmanuel Hache, Elisabeth Le Net, Philippe Menanteau, Françoise Thais

Histoire
. Les stocks stratégiques pétroliers : une construction « à la française », Paul Kaeser

Profil énergétique
. Inde