Une hirondelle ne fait pas le printemps
Après plusieurs réunions sans succès au sein ou en dehors de l’OPEP, les marchés pétroliers attendaient un geste de la part des principaux producteurs dans l’optique d’une remontée des cours du pétrole brut. Présents en Chine lors du dernier G20, l’Arabie saoudite et la Russie ont signé un « accord de coopération » visant à constituer « un groupe de travail chargé d’envisager les actions communes en vue d’une stabilisation du marché du pétrole et garantir un niveau constant d’investissements sur le long terme ».
On le voit, les termes sont des plus flous et les actions possibles restent assez vagues. Les opérateurs du marché ne s’y sont d’ailleurs pas trompés puisqu’après un léger sursaut, les cours sont retombés autour de 47 $, soit à la moitié de ce qu’ils atteignaient à l’été 2014. C’est qu’au-delà des circonlocutions diplomatiques, les opérateurs ont encaissé plusieurs nouvelles sur le front de la production qui demeure toujours surabondante, réduisant d’autant la part des producteurs du cartel. Selon l’OPEP, en effet, la demande de brut issue de l’Organisation s’établirait autour de 32,48 millions de barils/jour en moyenne en 2017 soit 530 000 b/j de moins qu’anticipé au début de l’année 2016.
Plusieurs raisons à ce chiffre. Tout d’abord, le redémarrage de l’économie chinoise et l’augmentation induite de ses importations se font attendre et nul ne sait quand ce mouvement interviendra, l’opacité de l’économie chinoise interdisant tout pronostic. De son côté, l’AIE note que la croissance économique mondiale est des plus modérée ; ce mouvement a tout lieu de se poursuivre en 2017, les banques centrales et notamment la Fed américaine étant quelque peu à court de recettes pour stimuler les économies.
Par ailleurs, la relative stabilité des prix du brut US a incité un certain nombre de producteurs américains d’huile non conventionnelle à relancer la production de leurs installations, montrant ainsi une résilience plus importante qu’anticipé face à la brutalité de la baisse du prix du brut.
Cette résilience est le fruit d’un effort massif des foreurs indépendants US pour réduire leurs coûts de production. Un effort que les grandes compagnies pétrolières internationales s’efforcent elles aussi de mettre en œuvre à l’image de Total décidée à réduire ses coûts de plus de 3 milliards $ entre 2016 et 2017.
Malgré les efforts des pays producteurs, une dynamique a été enclenchée qui ne ramènera pas de sitôt le brut à 100 $ le baril ; en effet aujourd’hui 70 % des projets pétroliers sont désormais rentables avec un baril sous les 60 $.
Analyses
. Nucléaire : la filière française du démantèlement à l’épreuve de l’industrialisation, Nadège L’Hostis, Taha Zeggwagh
. Transition énergétique : quand le citoyen est invité à devenir « consomm’acteur », Fabien Grech et François Guiglion
Etudes
. Coût complet lié à l’injection d’électricité renouvelable intermittente. Approche modélisée sur le marché français « day-ahead », Jacques Percebois, Stanislas Pommeret
. La dépense de R&D en quelques chiffres clé : éclairage particulier sur le secteur énergétique, Pierre Leprince, Nathalie Popiolek
Histoire
. Grands barrages et construction du socialisme : l’exemple de Dnieprogues, A. Beltran
Points de vue
. Rendre aux français la possession de leur sous-sol, Gaspard Koenig
Profil énergétique
. Maroc
Revue de livres
. Regards sur l’Après COP 21, Patrice Geoffron